Ce 14 avril dernier, nous sommes quelques anciens élèves de l’école publique de Saint-Gladie à avoir accompagné Madame Cazenave dans sa dernière demeure, au cimetière de Puyoô, où elle repose désormais près de Fernand son mari. Occupant ce que l’on appelait un poste double, Monsieur et Madame Cazenave étaient, pour nous, indissociables. Des années quarante au début des années soixante, ils auront marqué de leur empreinte des générations d’enfants, non seulement ceux de Saint-Gladie-Arrive-Munein, mais aussi ceux de Rivareyte, Barraute-Camu et son quartier de Lahitaü, dans ces temps où, à défaut de ramassage scolaire, les déplacements se faisaient à pied ou à bicyclette. Nous avons pu rappeler à leurs enfants, Odette, Michel et Jean-Paul, qui furent nos compagnons de classe, tout l’attachement et l’estime que nous leur portions.
A peine connaissions-nous son prénom : Marie ou plutôt Mayie, étant donné ses origines souletines. Mais, respectueusement, nous ne l’appelions que « Madame ». Dès leurs trois ans, elle s’occupait des petits avant qu’ils ne passent chez les grands, au cours moyen comme on le disait alors. Sa mission première fut évidemment de nous apprendre progressivement à lire, à écrire et à compter, mais aussi à nous éduquer. Patiemment, elle nous initiait, entre autres, à de nombreuses activités : dessin, découpage et collage, couture pour les filles et nous apprenait les premières chansonnettes. Elle nous amenait parfois autour du piano installé dans le salon de son habitation attenante à l’école, devenu aujourd’hui la salle de mairie du village. Je l’entends encore tapoter les notes d’une vieille chanson un peu mélancolique : « Ma doudou est partie tout là-bas… ». A son tour, Madame Cazenave est partie tout là-bas…
Le 19 mars 1995, beaucoup s’en souviennent, lors d’émouvantes retrouvailles, nous leur avions rappelé :
« Le temps de la communale
Sur les bancs de Saint-Gladie,
Les plus grands dans une salle
Et dans l’autre les petits… », avant de nous quitter sur ces simples paroles :
« Monsieur et Madame Cazenave,
Bien sûr nous avons grandi
Et comme les eaux du gave
Notre enfance s’est enfuie ;
Monsieur et Madame Cazenave,
Vous nous avez tant appris,
Tous vos élèves le savent
Et vous disent un grand, un immense merci ! »
Nous avons dit un dernier adieu à Madame Cazenave par une douce après-midi d’avril, en terre de Béarn, pas loin de notre petit village où elle restera vivante au fond des vies et des cœurs de tous ceux qui ont bénéficié de son précieux et inégalable enseignement.
Au nom de tous ses anciens élèves : Jean-François GuilharretzeLibellés : Sauveterre